lundi 8 août 2011

Les 4 mesures constructives proposées par Jean-Louis BORLOO pour résoudre la crise financière mondiale

Communication du Président du Parti Radical : Jean-Louis BORLOO
Lettre ouverte de Jean-Louis BORLOO à la chancelière d'Allemagne - Libération du 16 août 2011
Madame la chancelière,
Votre venue à Paris et votre rencontre avec le président de la République constituent un symbole fort, à un moment crucial pour l’avenir de l’Europe et des économies occidentales. Une vision commune de la France et de l’Allemagne, les deux plus grandes économies européennes et principaux fondateurs de l’euro, est indispensable pour que soient prises les mesures conjoncturelles et structurelles qu’impose la crise que nous traversons. L’Allemagne a eu un rôle décisif dans la création de l’euro, la mise en place du pacte de stabilité puis son assouplissement en 2003. En ayant fait le choix de l’abandon du Deutsche Mark, l’Allemagne a fait preuve d’un engagement européen historique. Aujourd’hui, plus que jamais, nous attendons beaucoup d’une voix forte, puissante et claire de votre pays. Les décisions sont à prendre maintenant, même si c’est difficile et qu’il existe des enjeux de politique interne à chaque pays et des lobbys puissants en action. La meilleure réponse à l’instabilité des marchés sera une réponse politique ferme traitant les problèmes dans leur globalité.
L’Europe a besoin d’une position franco-allemande déterminée sur l’avenir de la zone euro. En relais de l’intervention nécessaire et utile de la Banque centrale européenne, il est indispensable de doter l’Union d’un fonds de lutte contre la spéculation sur les dettes souveraines. C’est le Fonds européen de stabilité financière (FESF), dont le volume et les modalités d’intervention ont été étendus par l’accord du 21 juillet. Nous devons lever ensemble les incertitudes qui subsistent sur le degré de participation des banques privées et les délais de ratification de l’accord par les parlements. Plus fondamentalement, nous devons le faire évoluer, car il est garanti par des pays eux-mêmes en déficit.
En clair, le FESF n’est pas appuyé sur des financements nouveaux, pérennes et stables. Or plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont émis favorablement l’hypothèse d’une taxe sur les transactions financières. Le peuple européen, par la voix de son Parlement, a voté une résolution appelant à la mise en place d’une telle taxe. Celle-ci rapporterait entre 50 et 100 milliards d’euros par an, selon le taux adopté, sans impact pour les citoyens et sur l’économie réelle. Cette taxe serait techniquement efficace et moralement juste. La Commission l’a évoquée dans sa communication sur les perspectives financières. Vous vous êtes vous-même prononcé en faveur de cette taxe. L’Allemagne est-elle maintenant prête à accélérer sa mise en œuvre en Europe et, comme je l’ai proposé, en affecter une part au fonds de stabilité ?
Ce fonds, en coupant court à la spéculation, va permettre d’engager l’assainissement des comptes publics de chacun des pays d’Europe, avec un cap clair, irréversible et solide et un point d’arrivée différent suivant les pays pour être socialement soutenable. Sous votre conduite, l’Allemagne a courageusement montré l’exemple. D’autres pays s’étant résolument engagés sur cette voie, chaque Etat doit désormais le faire, et notamment la France. Un consensus national est en train de se forger autour de cette ardente obligation. Le couple franco-allemand est à présent très attendu pour faire des propositions concrètes sur une coordination européenne souple de ces efforts.
D’autres décisions structurelles doivent être arrêtées le plus vite possible ; l’interdiction définitive des ventes à découvert en Europe, comme vous l’avez vous-même évoqué récemment ; la réglementation des hedge funds, comme vous l’aviez proposé en tant que présidente du G8 en 2007 ; la séparation des activités de banque de dépôt et de banque d’investissement ; la limitation des effets de levier déraisonnables. L’Allemagne est-elle prête à peser de tout son poids pour une mise en œuvre effective de ces mesures dans un délai très court ?
Plus fondamentalement, cette crise nous montre les limites d’un système économique fondé sur la consommation plutôt que sur l’investissement. Elle doit nous permettre de travailler en commun à la refondation du projet européen. Nous devons tourner le dos à la financiarisation de l’économie, au profit d’une nouvelle politique industrielle commune. Le projet européen doit être le projet des peuples plutôt que celui des marchés. A nous de faire une analyse objective et critique de la politique européenne de la concurrence et de sa politique commerciale, au profit d’une politique commune de la compétitivité. Et de mettre enfin en place une taxe carbone, ou a minima un mécanisme d’inclusion carbone, aux frontières de l’Europe. La France l’a proposé à ses partenaires. L’Allemagne y est-elle prête ?
L’Europe, les Etats-Unis et le Japon sont entrés dans une zone de turbulence. Le temps est compté. Parce que l’Allemagne est le premier exportateur mondial, parce que la France et l’Allemagne sont les deux principales économies européennes et des puissances d’influence mondiale, parce que la France préside pour encore quatre mois le G8 et le G20, le couple franco-allemand est aujourd’hui le point de responsabilité au niveau mondial. Si la France et l’Allemagne arrivent à s’accorder sur une nouvelle gouvernance économique européenne, sur un calendrier précis de mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières alimentant le fonds de stabilité, sur l’interdiction des ventes à découvert, la régulation des hedge funds et des paradis fiscaux, l’encadrement des effets de levier et l’étanchéité des activités de dépôt et d’investissement, alors nous aurons fait un pas historique vers un nouvel ordre économique et social.

Jean-Louis Borloo
Président du Parti Radical
Réponse des gouvernements français et allemands sur la création d'un gouvernement économique européen :
La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens la création d'un «véritable gouvernement de la zone euro». Ils souhaitent que le poste revienne à l'actuel président de l'Union européenne Herman Van Rompuy. La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens la création d'un «véritable gouvernement de la zone euro», a annoncé mardi le président français Nicolas Sarkozy à l'issue d'un sommet à Paris avec la chancelière allemande Angela Merkel. «Nous allons vers une intégration économique renforcée de la zone euro», a ajouté le chef de l'État.
«Nous voulons dire notre volonté absolue de défendre l'euro (...) et d'avoir sur tous ces sujets une identité de vues et de propositions entre la France et l'Allemagne», a déclaré le président français. Dans une lettre qui sera adressée mercredi à la présidence de l'Union européenne, France et Allemagne proposent de créer un «gouvernement économique de la zone euro». Constitué du conseil des chefs d'Etat et de gouvernement, il se réunira deux fois par an et élira un président stable pour deux ans et demi.
Les deux dirigeants ont proposé que ce nouveau poste, dont le titulaire sera nommé pour deux ans et demi, revienne à l'actuel président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, a déclaré Nicolas Sarkozy au cours d'une conférence de presse.

Règle d'or pour les 17 États membres

Par ailleurs, les deux pays vont proposer que les 17 États membres de la zone euro adoptent la «règle d'or» sur l'équilibre budgétaire avant l'été 2012, a annoncé le président Nicolas Sarkozy à l'issue de son entretien avec la chancelière Angela Merkel.
Le premier ministre François Fillon prendra les «contacts nécessaires» avec les différentes forces politiques françaises pour voir si un consensus est possible pour faire adopter cette «règle d'or».
La France honorera ses engagements sur la réduction des déficits publics, soit les ramener à 4,6% du produit intérieur brut en 2012 (contre 5,7% cette année), avant d'atteindre 3% en 2013 et annoncera pour ce faire des mesures la semaine prochaine, a déclaré mardi Nicolas Sarkozy. «La semaine prochaine, le premier ministre entouré du ministre de l'Economie et de la ministre du Budget auront l'occasion d'annoncer un certain nombre de décisions qui permettront de mesurer la volonté absolue de la France d'être en rendez-vous de nos engagements», a-t-il dit. L'objectif de la France est de ramener son déficit public à 3% du PIB en 2013, mais il est actuellement compromis par une croissance moins forte que prévu.

Taxe sur les transactions financières

Autre annonce forte, la France et l'Allemagne vont proposer au mois de septembre que l'Union européenne instaure une taxe sur les transactions financières. «Les ministres des Finances allemand et français déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières», a déclaré Nicolas Sarkozy.
Cette taxe sur les transactions financières est une «nécessité évidente», a déclaré pour sa part la chancelière allemande. Les deux dirigeants n'ont pas précisé les modalités de cette mesure. Une des possibilités, popularisée par l'économiste James Tobin, consiste à taxer à un taux très faible les mouvements internationaux de capitaux.

Pas d'euro-obligations

Nicolas Sarkozy a par ailleurs indiqué que l'introduction prématurée d'euro-obligations pourrait mettre en danger les pays stables et qu'il fallait attendre le fin du processus d'intégration. Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel ne croit pas «que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui». «Les eurobonds un jour, peut-être, mais à la fin d'un processus d'intégration, pas au début du processus d'intégration», a précisé le président français. Nicolas Sarkozy a ajouté, lors d'une conférence de presse, que si l'on garantissait sans limite la dette des Etats en déficit, la crédibilité du système disparaîtrait.


Réaction de Jean-Louis BORLOO le 16 août 2011 :
Jean-Louis Borloo, président du Parti Radical salue la décision commune franco-allemande de mettre en place dans les meilleurs délais une taxe sur les transactions financières - qu'il défend avec force- seule mesure juste et efficace pour financer le fonds de stabilisation et lutter contre la spéculation.
Ce point crucial était l'objet de son courrier adressé au Président de la République le 18 juillet ainsi que sa lettre ouverte adressée à Angela Merkel, le 15 août.


Jean-Louis Borloo réaffirme son souhait d'une mise en œuvre dans les plus brefs délais. C'est le premier étage de la fusée anti-crise et anti-spéculation, mais il faut dès maintenant mettre en place des mesures complémentaires :
- interdiction des ventes à découvert
- régulation des hedge funds
- réflexion sur la séparation des activités de dépôt et d'investissement.


Cette taxe est le début d'un processus qui va permettre enfin que la très vaste activité financière contribue à l'effort collectif au profit de l'économie réelle et des peuples.


Par ailleurs, Jean-Louis Borloo et les radicaux soutiendront le principe de la règle d'or.


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INTERVIEW DE JEAN-LOUIS BORLOO - Le Figaro du 7 août 2011
LE FIGARO. - Comment est-on arrivé à cette nouvelle situation de crise ?
Le Président du Parti Radical réclame une "convocation urgente" du G20 et un débat "le plus tôt possible"au Parlement français.

Jean-Louis BORLOO. - Nous avions une opportunité en 2008. Au plus fort de la crise, l'ensemble du système bancaire et financier a appelé les États au secours. Les pays n'ont pas compté, à juste titre, pour sauver ces institutions, quitte à creuser encore leurs déficits chroniques. Mais aucune règle antispéculative n'a ensuite été édictée et, la crise passée, les vieilles habitudes ont repris de plus belle. Nous devons apprendre de 2008 pour agir aujourd'hui. L'Europe, les États-Unis, après la crise du Congrès, et le Japon, dont la dette dépasse les 200 % du PIB, sont maintenant en situation de comprendre l'urgence qu'il y a à imposer des règles interdisant la spéculation à nu ou les effets de leviers indécents.

L'accord européen du 21 juillet n'est-il pas suffisant ?
Les difficultés, aux États-Unis, à trouver un point d'entente, et le temps de latence, en Europe, pour la ratification par les Parlements de l'accord du 21 juillet ont alimenté la spéculation des marchés. Pays après pays, ils jouent les obligations de dette souveraine à la baisse. Par nature, le seul communiqué du 21 juillet ne pouvait pas les calmer. Le fonds de stabilisation européen, fondé sur la garantie des États en déficit et sans ressources nouvelles, et qui a pour objectif de circonscrire un risque précis, ne répond plus à cette crise du système. Nous devons mettre en échec cette spéculation et nous devons faire vite car si les démocraties prennent des vacances, les marchés, eux, n'en prennent pas.

Que préconisez-vous pour enrayer la spirale spéculative ?
Le temps n'est plus aux interventions pays par pays mais à la mise en place d'un système solide, global et durable. Je propose :

 - Premièrement, une intervention massive des banques centrales, et notamment de la Banque centrale européenne, seuls outils disponibles à court terme, pour couper court à la spéculation. Les efforts de la Grèce, de l'Espagne et de l'Italie le permettent maintenant.

- Deuxièmement, en relais, de doter l'Europe d'un fonds de stabilisation antispéculation, assis sur des ressources propres, nouvelles et pérennes pour le garantir. Il est donc urgent, efficace et moral d'instaurer la taxe sur les transactions financières, qui pour l'Europe pourrait représenter 50 à 100 milliards d'euros par an suivant le taux retenu. Elle devra être modulée en fonction des attaques des marchés : plus la spéculation sera forte, plus le taux sera important. Il n'y a plus de véritable contradicteur à cette idée, il faut passer à l'acte. La seule garantie d'États eux-mêmes en déficit est difficile à mettre en place et n'est pas assez convaincante.

- Troisièmement, il faut crédibiliser l'assainissement des finances publiques des pays occidentaux, par généralisation de la règle d'or, de manière soutenable socialement. S'endetter, ce n'est pas investir dans l'avenir, c'est avoir peur du présent.

- Quatrièmement, nous devons organiser enfin la régulation financière internationale. Il faut simultanément assainir la dépense publique et assainir le système spéculatif.

Vos propositions peuvent-elles être mises en place rapidement ?
Le moment est historique. Il faut agir vite. Le G8 et le G20 sont les lieux de la concertation et de la discussion et leur convocation urgente au niveau des chefs d'État est indispensable. La France préside aujourd'hui les deux. Elle est, de fait, le principal point de responsabilité au niveau mondial.

La situation de la France vous inquiète-t-elle ?
Notre pays montre qu'il sait résister malgré son déficit. Mais si le système se bloque, il se bloquera pour tout le monde.

Pourquoi les citoyens et les agences de notation mettent-ils en doute la capacité des politiques à gérer cette crise ?
Un défi a été lancé aux démocraties dans leur capacité à résoudre des crises de système. Elles doivent prendre des décisions dans le respect du temps - relativement long - de leurs institutions et répondre aux attentes pressées des consommateurs. C'est le vertige du court terme.

Une session extraordinaire du Parlement français est prévue début septembre. Est-ce assez tôt ?
La situation peut exiger que les exécutifs européens se réunissent dans les jours qui viennent et que les Parlements nationaux soient convoqués dans la foulée. Il faut associer les Parlements le plus tôt possible, comme je l'avais indiqué dans ma lettre au président de la République du 18 juillet.

Comprenez-vous les réticences de l'opposition à voter la règle d'or ?
Le principe est sain. Et il est nécessaire. La seule question que l'on peut se poser, c'est : “la règle d'or est-elle assez contraignante ?” Je pense que la France doit, dès 2012, revenir à 3 % de déficit au lieu des 4,6 % prévus. Au-delà de la règle d'or, il faut jouer l'union nationale chez nous et l'union sacrée en Europe. Si le Parlement français se réunissait demain pour soutenir l'intervention de la BCE et la mise en place d'un fonds antispéculatif alimenté par la taxe sur les transactions financières, il y aurait probablement consensus. Les démocraties occidentales doivent de toute façon se serrer les coudes. Car c'est la capacité de résistance des démocraties qui est testée aujourd'hui.

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